25/10/2018

Au-delà du protocole

Le détail du fameux "protocole d'accord" signé avec les opérateurs il y a quelques mois déjà, courageusement dévoilé après les élections.

Entre écouter le message des urnes, identique à celui des associations d'habitants de la capitale et céder à nouveau aux pressions des opérateurs, Madame la Ministre a tranché. Si cet accord devait être validé par les différentes autorités et voté par le parlement Bruxellois, il signifierait une nouvelle baisse drastique du niveau de protection des Bruxelloises et Bruxellois. La norme de protection passerait de 6V/m à 14,5V/m (et à 9V/m dans votre domicile).

Un protocole signé, une fois encore, au mépris des recommandations du Conseil Supérieur de la Santé (CSS), qui, lorsqu'il fut sollicité pour cautionner la hausse précédente -de 3V/m à 6V/m- avait maintenu sa recommandation à 3V/m (voir l'avis du 01-10-14) : "le CSS est parvenu à une valeur  guide de 3V/m pour l'exposition dans l'environnement en général." (page 14) ou "Les recommandations précédentes en matière de valeurs guides (3.4.2) restent valables" (page 24).

Depuis ce maintien de sa recommandation à 3V/m le CSS semble ne plus avoir les faveurs du gouvernement bruxellois, qui a créé pour la circonstance un nouveau "comité d'experts". Un comité qui semble plus préoccupé par les désirs des opérateurs que par la santé des habitants de la capitale, comme l'a montré l'analyse des ses premiers rapports, réalisée par ondes.brussels.

Si les exigences des opérateurs vont croissantes, le corps humain n'en devient pas plus résistant aux pollutions électromagnétiques pour autant. En moins de cinq années Bruxelles passerait ainsi du statut de ville parmi les plus protectrices d'Europe (3V/m) à celui d’imprudente récidiviste -6V/m actuellement et 14,5V/m en projet- au regard de sa densité de population (deuxième région la plus densément peuplée d'Europe après Londres). Pourtant un nombre croissant d'études scientifiques indiquent que la prudence, voire un moratoire sur la 5G, devraient êtres de mise.

A l'image des opérateurs, la ministre de l'environnement invoque la norme de l'OMS, pourtant très critiquée dans les milieux scientifiques et médicaux, particulièrement le pédiatrique. La norme de l'OMS fut calquée sur celle conçue par l'ICNIRP, qui était plus que conciliant avec les opérateurs. ICNIRP qui s'était lui inspiré des normes établies par l'armée nord-américaine pour protéger ses radaristes en missions...Dans le cas de la norme bruxelloise il s'agit de l'exposition permanente, sept jours sur sept et 24h/24 de plus d'un million de civils, dont un grand nombre d'enfants, de nourrissons et de femmes enceintes.

Notez aussi que cette norme de l'OMS ne se préoccupe que de l'effet thermique (échauffement de la peau et/ou des tissus internes) observé sur un adulte en bonne santé, aucun des autres effets observés alors et depuis ne sont pris en compte. Madame Fremault omet par contre de préciser que l'OMS a pourtant classé les ondes électromagnétiques comme « cancérogène possible » en raison d'études évoquant une augmentation du risque de tumeur cérébrale pour des utilisateurs "intensifs" (à partir de 30 minutes quotidiennes). La ministre invoque aussi l'IBPT qui suggérait une norme jusqu'à 41,5V/m, rappelons que cet organisme se soucie uniquement d'aspects pratiques et techniques très discutables et ne tient aucun compte de l'aspect sanitaire qui n'est pas de sa compétence, comme il le souligne lui même:
"Dans  le  cadre  de  cette  étude,  l'IBPT  s'est  limité  à  son  expertise  technique (...), et  ce,  indépendamment  d’autres  éléments  potentiels.  L’IBPT n’est en effet  pas compétent et ne possède pas non plus les compétences nécessaires en matière d’environnement ou de santé publique"

Madame Fremault sait pourtant se montrer plus exigeante dans d'autres domaines environnementaux. Un dialogue du ministère avec les associations mobilisées sur le thème -dont certaines comme grONDES comptent parmi leurs membres de nombreux experts scientifiques, chercheurs, ingénieurs, qui se feraient un plaisir de partager des analyses et résultats d'études moins complaisantes- permettrait probablement d'éviter de telles régressions.

Il ne s'agit pas de refuser le progrès, au contraire, des normes plus protectrices sont un incitant puissant aux innovations et progès technologiques, comme nous pouvons le constater dans d'autres domaines comme l'aéronautique ou l'énergétique. Dans le cas des technologies mobiles, jusqu’ici c'est l'inverse qui se produit, plus les "G" se succèdent et plus la pollution électromagnétique augmente.

Plutôt que de baisser le niveau de protection des citoyens à chaque nouvelle génération de technologie mobile, il appartient au législateur de revenir à une norme réellement protectrice, la tenir et la défendre. Revenir à la norme de 3V/m qui fut posée en réponse aux signaux envoyés depuis les urnes, les milieux scientifiques et médicaux ou depuis les associations, serait un premier pas. Pour viser à terme des normes plus basses encore, le seul consensus scientifique actuel se situant à 0,6V/m, soit cent fois moins que la norme de 6V/m actuellement en vigueur à Bruxelles (les V/m s'exposent au carré).

A ce stade la hausse de la norme à 14,5V/m n'est qu'un protocole d'accord, un projet. Avec votre soutien, votre participation, il pourrait ne pas dépasser ce stade. Pour notre avenir et plus particulièrement celui de nos enfants, sensibilisons et mobilisons pour des technologies qui respectent la santé et contre une nouvelle baisse du niveau de protection des Bruxelloises et Bruxellois.


Voyez en liens deux interventions du porte parole de grONDES pour la RTBF et Le Soir, publiés ce mardi :

RTBF Info Mardi 23-10-18 :
Le Soir  Mardi 23-10-18 :

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